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30 avril 2010

Picante pero sabroso

Je perds l'équilibre et le contrôle de mes mouvements, après trois coups violents sur le crâne et quelques éléments de décors effondrés sur mes pieds, à 3 heures du matin je m'enroule sur le trottoir où je viens de perdre quelques morceaux de mes jambes. Je voudrais l'abandonner là, le reste de moi qui ne m'obéit plus, je suis bossue, bleue et sang, à chialer sur le bitume de Genève contre ma désorientation lamentable. Je n'arrive pas à croire que tout tienne malgré tout, le plan de tournage à la minute près, une flopée de musiciens latinos obéissants juste ce qu'il faut, un chef op chiant pour l'exemple et tout qui tourne bien. Pourtant je suis en dehors, je dirige en automatique, je demande à tous de rester concentrés et je me blesse comme une idiote. Je souris un peu, je pleure dans les toilettes, je me demande ce que je fous là, à les laisser croire que c'est moi qui les tient. Puis l'on passe en tournage de nuit, au petit dèj à 15h, le soleil dans le jardin, mon Argentine fait passer le mate, je saigne encore un peu mais je me tiens droite. L'équipe se réduit, j'intérime quelques postes et plus je travaille mieux je tiens. On passe des nuits dans le conservatoire, je clappe contre le piano accroupie entre un lapin handicapé et un brésilien autiste, en rentrant au lever du jour elle pédale en me racontant ses vies d'avant. Je voudrais presque ne plus partir, rester au bord du fleuve à filmer les turbulences et la couleur de l'eau, nous improviser un crumble en rentrant, alterner le chaï le gingembre et le mate, s'endormir entre eux qui chantonnent la Llorona, il porte encore son costume de mariachi, elle se coupe les ongles, le reste disparaît doucement.

 

J'ai eu du mal à rentrer, la logistique en grève et cet éternel sas d'ajustement. Certainement, plus long l'absence plus délicat le retour, il secoue ses nouvelles boucles en grommelant contre ma bordelique intrusion dans son système solitaire. J'accepte tout, qu'il crie un peu tant qu'il me laisse glisser mes doigts dans ses cheveux inédits, qu'il brise mes résolutions fructivores à coup de pizzas de chaîne et qu'il me regarde la nuit pour profiter de mon silence. Dans le jardin ils ont coupé le figuier, je me méfie du pollen qui lévite jusque dans mes sinus, il fait déjà presque trop chaud, je travaille un peu et je larve beaucoup, je retourne à l'école. Le lieu de tournage nous refuse l'autorisation, je suis tentée de ne plus y croire mais je remplis des dossiers de subventions, pour voir. Ce matin vers 5 heures, la lumière et le bruit j'ai cru que les avions s'écrasaient entre eux au dessus du palmier. J'ai regardé par la fenêtre, le ciel est étrange mais rien de bouge. Un instant à peine, le temps d'une pomme dans la poche et d'un coup de clef, dehors avec mes sacs et trop peu de sommeil j'ai reçu la drache du siècle. C'est déjà l'été, je regarde trop de séries américaines à en oublier les orages. J'arrive à Paris tout est encore humide.

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