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21 juillet 2010

Living next door to challenge

bolex

J'y suis quand même allée, on m'a appelée le matin même en disant OK pour le spring semester à new york, du coup j'avais plus trop envie de passer 6 mois en boite de pub entre le bar à fruits et les bancs TV, entre les espèces de meufs que je pourrais m'amuser à décrire, mais qu'est ce que tu peux dire à part des meufs de la pub, tu vois. Tu vois forcément. Je les ai attendues longtemps en plus, vu qu'elles étaient en train de faire des plans de réaménagement de l'open space des TV producers. J'y suis allée quand même, j'ai dit j'adore la pub, en regardant mes ongles que j'avais coupé aux neuf dixièmes. Mais j'avais plus envie. Il me restait mon pouce là, j'avais failli le tailler aussi, avant de me rappeler douloureusement que j'avais une pellicule à charger dans la Bolex avant la fin de semaine, dans le noir, la caméra ouverte sur les genoux, entraîner la bande et la récupérer de l'autre coté, pour la coincer dans la bobine de réception, dans le noir il te faut l'ongle du pouce droit dans la rainure, et tu glisses dessus jusqu'à ce qu'elle rentre, puis tu plies et tu enroules un peu en serrant bien. Après c'est bon, tu fermes. Tu peux rallumer la lumière, faire tourner un peu le moteur. J'ai cru que ça passerait alors, mais j'ai eu mal au ventre, tordu comme ça, jusqu'à ce que je l'entende se décrocher, le lendemain, sur le premier plan du film et le dernier de ma bobine.

Je ne sais même pas si j'aime ça, si tourner me rend malade comme ça juste parce que je n'en suis qu'au bricolage en pellicule (et que 30 mètres de pellicule ça fait 2'30 de rushes) ou bien si je vais commencer à apprécier quand j'aurais une vraie équipe pour gérer tout ce qui ne concerne pas la mise en scène... Alors je choisis spécialité réalisation, parce que je déteste brancher du câble et fixer des gélat, monter des projo et régler des niveaux, et même si filmer des gens ça me terrifie, si je déteste imposer la lourdeur d'un tournage à ceux que j'entraîne dans mes mini fictions sans intérêt,  je me laisse tenter pour quelques années, pouvoir prendre le temps de faire quelques films et voir ce que ça donne... Mon plus sceptique soutien m'attend avec ses démoralisations systématiques entre le canapé et la vaisselle, il voudrait y croire mais il n'y arrive pas, il a le mot fatal pour chaque projet et la critique démolitive. Pour se faire pardonner et pour y trouver un intérêt technologeek il m'équipe en full hd, j'ai 2 films à rendre en septembre, je me lance dans le projet guérilla sans équipe sans lumière et sans acteur, médiocrement n'importe quoi. Je passe le mois de juillet dans la phase la mieux, il faut avouer. L'écriture partout, sous la douche et sur le vélo, le choix méticuleux d'un nouveau carnet de film et la préparation de pas grand chose puisque tout s'improvise... acheter quelques fringues à mettre sur ma petite sœur puisque c'est elle qui joue et regarder des tonnes de films pour me souvenir comment faire.

Et puis je suis partie 10 jours en atelier d'écriture intensive, j'ai écrit intensivement pour chaque jour me faire démonter intensivement aussi. Chaque professionnel qui t'offre gracieusement un retour sur ton scénario voudrait que t'en changes la moitié, jamais la même, toujours très argumenté. Au bout de quatre heures à tout retourner je ne sentais plus mes jambes, l'estomac à nouveau noué et les nerfs aux bords des yeux, je me suis noyée dans le pastis sous le ciel d'Ariège, et tous les jours pourtant j'ai recommencé, j'ai réécrit, j'ai repris 4 heures de retours, j'ai reperdu mes jambes. Le dernier soir sous le feu d'artifice j'ai perdu le reste, jusqu'à la conscience sur le sol pendant quelques heures, ingérer et recracher du concept narratif et du dialogue à s'en rendre malade, sans prendre le temps de digérer, finir par tout lâcher, les nerfs au fond de la cuvette la tête contre le carrelage. Puis je suis rentrée, je partage mon temps entre l'ingurgitation d'images et le boulot pour les autres, j'avance mon départ et je raye tout dans mon carnet. Je sens les choses venir puis s'effacer, je me repose sur le paysage qui j'imagine sera superbe, je verrais bien, les pieds dans l'eau sur le passage du gois au lever du jour, si j'arrive à apprécier l'agréable improvisation ou si je me laisse étouffer par l'urgence de me libérer de la caméra, encore... En attendant je regarde les fourmis envahir ma cuisine au rythme de l'engourdissement de mes mollets sous l'ordinateur, il fait trop chaud, le mois d'aout me tétanise d'avance.

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Commentaires
I
il a fait beau, sauf pour la fin, la pluie sur les gens qui l'ont aimée en arcs de cercles (comment tu as su?), c'était pas raccord mais on a dansé quand même... le mec qui rentre dans sa vie dans l'eau métaphorique c'est pour février (au lieu de new york)
L
stage d'écriture :<br /> <br /> il rentre à l'intérieur de ce qu'il appelle sa vie, autour forcément des chutes d'eau le décors magnifique de la métaphore de ou même du ou même la le les gens qui l'ont aimé partout en arc de cercle, AH MERVEILLEUX TOUT CE BEAU MONDE LA ICI MAINTENANT TOUT DE SUITE, concluons, et puis il fera beau, comme toujours dans ces cas là.
S
C'est bon de te lire.
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