You'll feel the heat oh yeah it burns
Je décore les chambres des personnages de fictions avec des photos qui racontent toute ma vie. J'entasse à Toulouse les images en noir et blanc raté de mes années lycéennes, mes premières heures sous inactinique, mes premières nausées copyrightées Ilford, des visages oubliés depuis presque longtemps qui racontent le temps de 5 feuilles de services l'histoire de Lola, photographe déprimée qui finit par se suicider au destop, paye ta merde au rayon accessoires. A Paris je recouvre la tapisserie et le frigo de Nan de tirages minuscules de toute ma vie en numérique, 250 images pour illustrer cette jolie histoire qui cristallise autour d'elle en quelques plans séquences nos amitiés réelles, les petits mensonges pour camoufler notre connivence virtuelle, notre dream team et notre longueur d'onde absolument raccord qui les bluffe tous un peu. A Toulouse je pédale trop vite les nuits trop chaudes sous les arbres brumisés rue Alsace Lorraine, ma robe blanche qui tressaute sur les pavés des rues piétonnes où les gens carburent aux tapas/rosé, et quelques heures qui manquent à chacune de mes journées pour mener à bien le superflu agréable. A Paris je descend la rue du Faubourg Poissonnière en sens inverse, la rue du Poteau sans trop de cheveux au vent parce qu'ils sont encore plus courts et retenus par mon casque qui emmène mon coeur en Islande, je fermerais presque les yeux, regarde je vole. Je passe des entretiens labellistiques et télévisuels qui se déroulent merveilleusement bien pour finalement passer à coté pour cause de planning. Je ne compte pas les occasions avortées pour mener à bien ce tout petit grand film, pour rassurer Liba, pour remplacer son assistant réa et sa décoratrice tout en faisant du thé glacé et des cakes aux olives pour tout le monde. Et je remplis ma vie d'autres choses que d'attente et soudain tout va mieux. A Toulouse je rentre le soir absolument morte et je retrouve le plaisir du debrief canapé-rhum-southpark, ses mains sur mon ventre mon nez sous ses aisselles parce que comme dirait Tara la pote de Sookie 'I'd take a shower in your sweat if I could'. Je retrouve mon ventre qui se tord de praline/guimauve/whatever, je capte à nouveau nos fréquences amour, sexe, rock&roll et japonaiseries. A Paris je rentre le soir absolument morte et je retrouve cette ancienne habitude du téléphone sous les draps, pas tous les jours, juste quand j'en ai envie, je lui parle de ma gueule de bois et on débat de la possibilité d'une bague. Il aura suffit de soigner mon désamour propre pour nous retrouver. Je me doutais bien que je ne pouvais pas l' aimer si je ne m'aimais plus moi même. Je me doutais bien que passer mon temps à haïr mon inactivité ne pouvait laisser de place à aucune autre espèce de sentiment. Maintenant que je remplis mes journées d'autres choses que de langueur sur canapé je me surprends à le retrouver le soir, toute amoureuse et transpirante. Voilà voilà, il fait chaud, quand il est loin je renifle l'odeur de ma peau pour me rappeler que je sens encore la jeune fille, que c'est pas un pacte en papier pirouette cacahouète qui va me faire passer du coté obscur de la vie. hein. on est bien d'accord.