Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
- in -
28 juillet 2009

Siempre que te pregunto

Avant de mourir sous les fenêtres grandes ouvertes il a fallu serrer les dents quand toute ma peau anesthésiée par son absence réagissait trop fort à chacune de ses douceurs. Le loin oublie nos corps, il passe la main sous mon genou il se prend mon talon dans les dents, je glisse mes doigts sur les points le long de ses cotes je me prends son coude dans l'œil, après tant de temps c'est l'amour fol. Échec presque mat pour le cliché, je lis les scénarios des collègues en petite culotte avec une assiette de pâtes complètes et une théière de Lapsang Souchong au lieu de fumer des clopes au café en peignoir sale. L'écriture à la bourre, les relectures à l'envers, le découpage / storyboard / plan au sol / calcule tes angles t'es complètement faux raccord. J'aime les étés studieux, mais j'aurais préféré avoir le temps d'aller nager en lumière du jour, je décline poliment l'invitation à mourir de chaud à Tunis pour la modique somme de 400€. Ma boîte mail voit les indieboys flirteurs se réveiller au fur et à mesure que la raison de mon départ fait gentiment le tour de l'école, presque drôle. Jordan veut absolument me voir avant de me laisser "partir manger des sushis pendant 6 mois sur ton canapé vert anis" et évidemment participer à notre grand jeu de l'été : qui refilera sa démo le plus vite? lequel saura éviter l'esprit 100 balles et un mars? lequel tentera d'appuyer sa candidature en passant la main sur mes hanches? Le terme direction artistique suffit à les faire bander, et je ne peux rien dire puisque moi aussi. Je cache comme je peux mon trac derrière quelques vannes sur le temple hipster où je vais débarquer en septembre, je me concentre à peu près sur tout ce qu'il me reste à tourner avant fin aout. Et si, vont-ils, est-ce que, quizas, quizas.

Publicité
27 juillet 2009

I don't know why you bother

 

mojito

La chaleur, les filets de cheveux qui emprisonnent la sueur, les yeux flous et tout qui semble susurrer la moiteur au fond de l'oreille, derrière les dents, entre les phalanges ou au creux des hanches. J'ai l'impression de ne retenir toujours que les mêmes éléments de mes journées, mes jambes qui pédalent, les robes courtes, la musique trop fort. Je pourrais énumérer les jolies trouvailles du mix aléatoire de mon ipod, les enchaînements heureux, mais j'ai récemment réalisé qui rien n'égalera une intégrale Radiohead pour traverser les villes, rose ou grise, les cheveux qui ne volent plus ils collent et les lunettes en forme de cœurs à gueuler nothing's ever good enough for you. Les soirées labo (endlich) ressemblent à ce que j'avais dû fantasmer d'une année erasmus, ils parlent brésilien anglais allemand arabe espagnol, je suis la seule française et la seule qui n'ait même pas de master degree, sans parler d'un phd, la seule qui ne bosse pas dans un laboratoire aéronautique / CFD / whatever. Je suis Penny,  sourire bête et attaque de décolleté sauvage. L'Espagnol est né à Ibiza, il a l'air chaud d'un orage prêt à m'avaler, il fait des mojitos divins sans eau gazeuse qu'il aligne sous mon nez pour me tuer doucement mais sûrement. Il a fallu toute nos vigueurs pour calmer au fond de mon ventre l'incendie allumé par l'orageux et entretenu délicatement par le terroriste lourdement armé qui m'a achevée devant la fenêtre ouverte du salon. J'avais les yeux dans les arbres dehors et les doigts encore sucrés gout citron vert menthe, à 4h, enfin, un filet de vent vient lui caresser le coin ultradoux entre la cuisse et le bassin, j'y pose un dernier baiser avant de retourner encore une fois l'oreiller, à traquer la fraicheur hors période de chasse, bredouille, évidemment.

sweat


11 juillet 2009

Dear catastrophic boyfriend

Je rentre précédée d'au moins 500 mètres par une odeur de gyozas, elle a du me sniffer depuis la place de Clichy mais ça ne l'a pas  empêchée de rester vautrée à moitié à poil devant l'amour est dans le pré en replay, la clope tombante dans sa bouteille heineken et la larme à l'œil, in tu veux pas me filmer pendant une semaine et passer ça sur M6 après je recevrais des lettres d'amour et des photos et j'aurais plus qu'à choisir regarde celle là elle a 40 ans et elle est pathétique je vais finir seule pathétiquement pareil et moche à 40 ans à revoir mes prétentions pour aller me taper un éleveur de céréales. Ça me tue comme cette fille est tout ce dont on rêve, genre canon pas con ou indépendante bandante, et finalement elle galère, elle fait peur aux gentils et rend fous les déjà en pente. Je me retrouve coach de drague et analyse sur matelas trop mou, elle me croit sur parole mais termine toujours par se lamenter qu'il est cancer comme elle et donc que jamais il osera l'inviter à boire un café et qu'ils vont se chauffer du bout des yeux pendant 3 mois et que dans 5 ans elle le croisera à Cannes encore et il lui dira qu'à l'époque il était amoureux d'elle et qu'il a rien tenté. Story of her life. Elle me supplie la bouche tordue de pas me marier ça serait le coup de grâce, puis elle me fait promettre de lui présenter le jeune beau trendy qui va peut être devenir mon boss pour 6 mois. Moi je suis la fille à coté, plus grosse moins belle et moins douée, je n'y suis pas dans sa putain d'école alors forcément la moitié des gens ne m'adresse pas la parole, mais finalement je m'en fous un peu, je suis triste de la voir flipper comme ça quand tout m'est tombé dessus sans que je demande rien, je connais pas la recette du boulot funky qui t'évite de mourir en permanent découvert de 800 euros pendant tes études artistiques trop longues, ni celle de l'amoureux tombé du ciel rebelle aux louanges. Je connais pas la recette de la chance et je doute de l'efficacité du m6replay sous alcool dans le processus de remontage d'estime de soi en vue d'un embrayage d'histoire d'amour avec un chef op blond. Du coup elle est partie tomber amoureuse de Mark Daumail à Musilac avec la gueule de bois, pendant que je pédale seule vers Truffaut et Suleiman, encore. Paris me paraît vide, je n'ose plus prendre de photos, je traverse la Seine sur une plateforme en bois sous les mouettes et j'arrive au milieu d'un parc étrange, des mecs boxent et d'autres tentent de remplir l'espace du skatepark mais tout est vide. J'aurais dû être ailleurs ou accompagnée, j'ai un peu pitié de mes bleus aux genoux et du  gouda au cumin dans ma poche. Je vais remplir le vide d'images et de mots en l'air, j'entends les youyous qui montent depuis la place de la mairie, une envie irrépressible de ménage en petite culotte et personne ne viendra ouvrir la porte pour me balancer sur le canapé en sueur parce qu'il n'a plus l'age des cartes de réductions. Too bad.


9 juillet 2009

It could all be so simple

pupu

Sur le quai Mauriac, à coté de la bibliothèque, je me suis pris tellement de vent dans le visage, il me poussait comme un vague détritus sur les trop larges trottoirs, j'ai bien cru sentir l'odeur de la mer, j'ai voulu passer ma main dans mes cheveux pour y sentir le poissement de l'océan, j'ai réalisé déçue que le vent Parisien ne charrie pas les embruns. J'ai marché pas mal longtemps avant de trouver un vélo qui marche, je suis monté dessus en petite robe de plage rayée bleu et blanc, et je suis descendue sur les jardins déserts qui bordent la Seine. J'avais même pas froid, encore le vent dans les yeux et sur mes jambes, je chantais ce qui me passait par le mini-jack, du vieux Ex-Factor, et je suis tombée sur un truc encore plus revival en plein milieu d'une toute petite place, un saule pleureur là, tout seul. J'ai pédalé jusqu'à me mettre le visage dans ses feuilles, j'ai fermé les yeux j'ai tout arrêté, là le saule pleurant sur mes joues, je me suis retrouvée vraiment petite, sous le tout premier arbre de ma vie, celui au fond du grand jardin là haut dans la campagne d'Orchies. Maintenant c'est fou comme d'un court instant le nez dans les feuilles tu te retrouves sur google map devant le street view de ta maison d'enfance, du champ de vaches juste en face, ce qui a changé et pourtant c'est presque pareil, là il y avait ma voisine chez qui je dormais un soir d'été sur deux, on choisissait notre villégiature selon le menu du soir, les bras chargés de toutes nos poupées on demandait à nos mère qu'est ce qu'on mange ici pour décider de dormir dans sa chambre ou dans la mienne. Sous le saule on prenait le gouter, on mangeait des petits glaziks au chocolat de chez agrigel, le mec qui venait tous les quinze jours nous ravitailler dans notre lointaine campagne, et parfois il nous offrait des feutres, après mon frère me déguisait en clown avec les feutres, ça nous faisait bien marrer apparemment et on faisait de la patouille dans la boue, on se promenait tous nus et tous pleins de boue sous la pluie dans le jardin, on riait avec la bouche grande ouverte.

7 juillet 2009

You'll feel the heat oh yeah it burns

Je décore les chambres des personnages de fictions avec des photos qui racontent toute ma vie. J'entasse à Toulouse les images en noir et blanc raté de mes années lycéennes, mes premières heures sous inactinique, mes premières nausées copyrightées Ilford, des visages oubliés depuis presque longtemps qui racontent le temps de 5 feuilles de services l'histoire de Lola, photographe déprimée qui finit par se suicider au destop, paye ta merde au rayon accessoires. A Paris je recouvre la tapisserie et le frigo de Nan de tirages minuscules de toute ma vie en numérique, 250 images pour illustrer cette jolie histoire qui cristallise autour d'elle en quelques plans séquences  nos amitiés réelles, les petits mensonges pour camoufler notre connivence virtuelle, notre dream team et notre longueur d'onde absolument raccord qui les bluffe tous un peu. A Toulouse je pédale trop vite les nuits trop chaudes sous les arbres brumisés rue Alsace Lorraine, ma robe blanche qui tressaute sur les pavés des rues piétonnes où les gens carburent aux tapas/rosé, et quelques heures qui manquent à chacune de mes journées pour mener à bien le superflu agréable. A Paris je descend la rue du Faubourg Poissonnière en sens inverse, la rue du Poteau sans trop de cheveux au vent parce qu'ils sont encore plus courts et retenus par mon casque qui emmène mon coeur en Islande, je fermerais presque les yeux, regarde je vole. Je passe des entretiens labellistiques et télévisuels qui se déroulent merveilleusement bien pour finalement passer à coté pour cause de planning. Je ne compte pas les occasions avortées pour mener à bien ce tout petit grand film, pour rassurer Liba, pour remplacer son assistant réa et sa décoratrice tout en faisant du thé glacé et des cakes aux olives pour tout le monde. Et je remplis ma vie d'autres choses que d'attente et soudain tout va mieux. A Toulouse je rentre le soir absolument morte et je retrouve le plaisir du debrief canapé-rhum-southpark, ses mains sur mon ventre mon nez sous ses aisselles parce que comme dirait Tara la pote de Sookie 'I'd take a shower in your sweat if I could'. Je retrouve mon ventre qui se tord de praline/guimauve/whatever, je capte à nouveau nos fréquences amour, sexe, rock&roll et japonaiseries. A Paris je rentre le soir absolument morte et je retrouve cette ancienne habitude du téléphone sous les draps, pas tous les jours, juste quand j'en ai envie, je lui parle de ma gueule de bois et on débat de la possibilité d'une bague. Il aura suffit de soigner mon désamour propre pour nous retrouver. Je me doutais bien que je ne pouvais pas l' aimer si je ne m'aimais plus moi même. Je me doutais bien que passer mon temps à haïr mon inactivité ne pouvait laisser de place à aucune autre espèce de sentiment. Maintenant que je remplis mes journées d'autres choses que de langueur sur canapé je me surprends à le retrouver le soir, toute amoureuse et transpirante. Voilà voilà, il fait chaud, quand il est loin je renifle l'odeur de ma peau pour me rappeler que je sens encore la jeune fille, que c'est pas un pacte en papier pirouette cacahouète qui va me faire passer du coté obscur de la vie. hein. on est bien d'accord.


Publicité
Publicité