Never expect to be sure
Je pourrais insister un peu, il le faudrait même. Il le faudrait parce que je vais pas pouvoir tenir longtemps si je me ronge avec des histoires puériles qui n'engagent que mon orgueil et les doutes qu'il soutient. Fondamentalement, petite, tu t'en fiches que ton amie ne te voie pas dans 'ce qui compte', tu t'en fiches que ta future belle mère te haïsse, tu t'en fiches que ton prof te prenne pour une conne, tu t'en fiches que ces petites jeunes te méprisent pour tes années de plus, tu t'en fiches que ton père te trouve trop grosse, tu t'en fiches de tout ce qu'ils peuvent penser. Il me suffit de me plonger dans le travail et alors certainement j'oublie. Il me suffit de réfléchir 10 secondes avant de m'endormir pour finalement ne plus dormir du tout. Je constate avec effarement que la situation pourrait bientôt m'échapper, que les ficelles sont aussi grosses que dans un scénario mal écrit, que je risque surtout de fermer les yeux pour ne pas paniquer. Je vois sa consommation d'alcool augmenter et son alimentation diminuer, je vois son regard se perdre et ses sourcils trop froncés, je vois qu'il est vraisemblablement malheureux et que je ne sais pas comment faire. Alors je ne dors pas, je reste là les yeux ouverts quand il se serre contre moi, quand il commence à faire beaucoup trop chaud, quand tout s'arrête enfin au fond de mon crane et que je ne peux que jouir. Visiblement lui sait comment faire pour oublier que tout ne tourne pas rond, pour nous rappeler que notre amour au milieu de tout ça reste une chance qu'il faut honorer.