They say that everything sounds the same
Le matin avant d'arriver je ralentis, je mets la musique plus fort, je ferme mon visage un peu plus. A la mi-journée le sourire est revenu, ces gens qui me filent des surnoms, ces mecs qui me parlent de mes collants d'une couleur différente chaque jour, ces filles qui me regardent un peu trop au fond des yeux. La petite Australienne squatte depuis une semaine à la maison, le soleil tape fort, le tournage de la comédie musicale gore m'a révélé ce que je savais déjà : je suis un peu trop douée pour commander. Puis il me reste une traduction d'un texte sur la traduction à rendre demain, un scénario à écrire très vite, et les déceptions à digérer. Je me surprends à m'énerver sur tout et n'importe quoi, à prendre trop à cœur ce qui devrait me laisser froide, à pleurer sur ceux pour qui je croyais compter et qui me prouvent que pas-vraiment-non, à pester contre le manque de professionnalisme de certains enseignants, à rager contre tout ce qui ne fonctionne pas. En rentrant le soir je ralentis, je mets la musique un peu plus fort et j'essaie de calmer ce flot d'exaspération qui me noie. J'essaie de ne pas perdre le fil qui me relie à Kha, j'essaie de continuer de le faire rire, j'essaie d'éponger mes nerfs ailleurs que dans son cou. J'avais oublié comme il peut être épuisant de soutenir seule le poids de deux vies entières.