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14 novembre 2008

Just cause you feel it doesn't mean it's there

Juste avant de partir, l'australienne m'entraîne de nouveau dans la petite pièce derrière la salle de cinéma pour attraper quelques bières pour la route. Je tombe soudain face au réalisateur, mon ventre se serre, je cale mes yeux au fond des siens et j'arrive à sourire. C'est un très beau film, il m'a beau j'ai les mots qui se brisent au fond de ma gorge, je reprends mon souffle, je reprends appui dans son regard et j'essaie de retenir les tremblements, les souvenirs, les larmes... beaucoup touchée je baisse les yeux je balance un cheers venu de nulle part je trinque et je me sauve. Plus tard, je danse trop fort sous un micro bar dans une micro rue, Kha m'observe gentiment, Candace la canadienne sortie tout droit du L Word me balance une droite en dansant, j'oublie tout.

J'oublie tout ce que j'essaie d'oublier depuis 15 ans, le bruit du bitume de la cour de récré quand il heurte l'épaule, le bruit de leurs chaussures de marque sur le lino des couloirs du collège, le bruit des petits mots qui circulent en classe sans jamais passer par ta table, le bruit assourdissant des regards dans le dos, le bruit des rêves le soir sous l'oreiller, quand on ne voudrait qu'une chose, les voir tous morts, les mettre à terre et leur sauter dessus à pieds joints de toutes ses forces, les voir mourrir, les faire payer. Hier soir, dès la première scène du film, j'avais le sang qui battait sous mes yeux, derrière la mâchoire, sous mes doigts. Il y avait ces bruits trop vrais, ces mots et ces images, je me suis laissée bouleverser sans l'avoir vu venir. Je me suis demandée, si j'aurais été capable de passer à l'acte, de péter les plombs, de perpétrer une tuerie. Je me suis demandée ce qui m'avais retenue de craquer. Et puis parce que tout ce que ce film a remué, tout ce qui est remonté si vite si vite ne pouvait toujours pas sortir, parce que tout ça je n'avais pas réellement envie de m'en souvenir, j'ai arrêté de me poser ces questions.

Je me suis laissée prendre par la main, je me suis laissée emmener danser, jusqu'à ce que je serre Kha dans mes bras très fort et que je m'endorme vite. Maintenant j'ai mal au crâne, et toujours le sang qui bat derrière la mâchoire et les sourcils froncés, mais je sais que je ne suis pas de ceux qui aiment à regarder en arrière pour saboter ce qu'il y a devant. Je n'ai jamais voulu laisser mes petites tragédies étouffer tout ce que la vie peut me promettre, je préfère fermer les yeux, danser un peu, dormir dessus et me réveiller un peu amère certes mais vivante.


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Commentaires
I
Je suis vraiment nulle en réponse de commentaires, mais je voulais vous dire que ça me fait vraiment plaisir tout ce que vous me dites là.<br /> Sinon, je pense que d'une certaine manière je ne suis forte que pour me persuader que tout va bien, et un jour sur deux. Mais bon si ça marche hein...
S
et il y en a qui mettent plus de dix ans à apprendre à ne plus regarder en arrière pour essayer de voir le beau du présent<br /> <br /> alors, on peut te faire une standing ovation
H
bordel tous ces échos...
K
et quand on lit tes mots, ça fait remuer pas mal de choses aussi. la claque je me suis pris 'tain.
P
J'ai quand même des copines genre bourrées de talent, quoi.
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