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27 novembre 2009

Only walk in parks in my head

Sous mon bureau j'accroche les fines mailles, à chasser croiser les jambes mes genoux s'écorchent sur les échardes de métal qui ont dû jouer le même sale tour à quelques générations de secrétaires des PTT, ou de la sécu plutôt, les vieilles étiquettes fondues sur les dossiers suspendus. Le disque en crise récupère des bureaux fonctionnaires chez les puces. Ensuite je traîne mes jambes engrungées ça et , complètement hors du look, des bottes trop hautes des jupes trop courtes ou bien pas assez, trop de noir, certainement pour amincir, qui coule de mes paupières aussi. Les collègues me traitent d'émo kid, bisque bisque sage, les cheveux dans les yeux il manque quelques poèmes sur la mort mais j'y suis presque. Je n'écrirais pas comme ma vie pourrait désespérer parce qu'elle grandit plutôt bien, je préfère me laisser charmer par l'aura des poètes dans les couloirs des salles de concerts ou devant les cabines de mix, je les regarde de dos glisser quelques mots dans le grillage, je découvre le pouvoir d'une belle tournure sur mes émois de jeune inculte, quelques consonances bien placées quelques sens bien amenés je les verrais déjà me plaquer contre n'importe quel mur, ces beaux parleurs pourtant plutôt tous laids comme ça à première vue. Me voilà finalement complètement compatible avec les quarantenaires téléramiens, à réfléchir deux fois avant d'affirmer que je n'aime pas la chanson française. Deux fois même dix je réécoute ces mots je me dis que je me fais bien rire à faire attention à ma grammaire de petite égocentrée. Je regrette alors. Dans une autre vie mon joli mec aux grands yeux n'aurait pas du choisir entre artiste lumineux et scientifique taiseux. Peut être qu'un joli mec n'a pas le droit à l'aura du poète, que cette magie du propos est réservée aux moches talentueux, pour les aider un peu à séduire les greluches aux oreilles vides, comme moi. Pendant ce temps, je devrais boire moins ou manger plus, mais la fermeture du vendeur de soupes ne va pas beaucoup m'aider. Je ferme les yeux sur la musique je fais des films sur le catch dans le lit des dimanches matins ou sur des bulles élastiques opaques autour de nous, je devrais me lancer, le faire vraiment avant d'oublier.

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13 novembre 2009

And breathe me

Parfois je me paume toute seule au milieu de tout ce que je voudrais déjà savoir, comment je veux ma vie, qui j’y mettrais et qu’est ce que j’en ferais, de toutes ces réponses que je n'aurai jamais. Je me soutiens que j’accepte tout ça, qu’on se laisse se construire un peu chacun de notre coté. Je ne l’appelle presque plus le soir parce que c’est là que tout se bloque, dans les conversations de loin en loin, où je finis toujours par être ailleurs parce que je me perds à faire d’autres choses en même temps et que je n’ai jamais su rester concentrée, trop vite je perd le fil, je m’échappe et bien sûr qu’il le sent. J’aime bien voir comme malgré tout le temps on apprend encore sur nous, sur nos faiblesses et sur cette distance qu’il nous faut toujours pour respirer. Il sera toujours l’amoureux solitaire qui se suffit de savoir, et je serai celle qui file trop souvent dans la lune ou dans un train. Tout le monde nous regarde comme un étrange record de longévité, et « oui mais vous c’est pas pareil ».  Et puis sur le point de signer un petit papier, peut être un gros papier d’accord, je n’arrive pas à imaginer que ça puisse ébranler notre déséquilibre ajusté si ce n’est que j’aurai le droit de dormir contre lui dans la chaleur de Tunis l’été, que je pourrai envisager une autre issue que la chasse d’eau pour nos erreurs d’allégresse, que l’on pourra oublier les têtes de cons de la préfecture et le légendaire serpent qui se mange par tous les bouts, la carte de séjour nécessaire pour le contrat mais le contrat nécessaire pour la carte de séjour. Parfois je me défoule à tous vouloir les envoyer se faire foutre, la prochaine fois que je devrais supprimer un message de mon père qui râle de mon silence, la prochaine fois qu'une idiote me suggérera « un méchoui, ça ferait sens par rapport, tu vois, à sa culture à lui, tu vois ». Je vois, je vois. J'aimerais profiter de n'importe laquelle de ces réflexions on the slippery slope (mon expression favorite, dès que possible tout bas dans ma tête,  j'alterne avec subtil ) du genre sur l'effet islamisant de sa barbe ou de son prénom, et hop couper quelques ponts, ne plus devoir rendre des comptes, donner des nouvelles, leur ressembler pour les rassurer, surtout. La nuit soudain je me demande ce que je fous là, à chasser du job chez la grande méchante Hype alors que l'essentiel est très certainement ailleurs. Finalement je ne sais même pas si j'aime tellement ça, pourquoi presque chaque soir au lieu de savourer j'essaie d'estimer le nombre de chansons jusqu'à la fin du set,  presque toujours c'est décevant, le son c'est crade ou le public est relou, et jamais je ne reste là, concentration, éternellement. Je me dégoûte à vouloir sûrement vivre un peu plus près des étoiles, à sourire dans le vide et à n'y croire déjà plus. Pour aimer ce que je fais il me faudrait passer quelques vitesses, concentration, encore. Si j'essaie d'apprendre de tous ces personnages de fictions sur mon tout petit écran, on dirait que le mot de passe pour intégrer le toi en mieux c'est self control, je pourrai tellement dépasser tout ça si j'arrêtais de pédaler mou dans ma propre flemme, si j'arrêtais d'offrir à d'autres les opportunités qui me font défaut, si je pouvais je m'achèterais une machine à me foutre des coups de pieds au cul, ou une baguette magique anti procrastination, my own personal fléau. Voilà soudain la nuit j'ai besoin de sa peau chaude sur mon ventre mou pour dormir, j'ai envie de poser mon crâne au creux de sa paume et finalement on discute pendant très longtemps, à nouveau, de travail à accomplir, de nom de famille, de scénarios de science fiction et du sens de la vie, comme ça.


3 novembre 2009

Heartmill.

Elle crie dedans d'abord, elle s'arrête, son front contre le micro, elle se mord les lèvres et elle reprend. Ses doigts fuient vers la droite et chaque touche est comme une goutte de pluie tellement froide qu'elle brûle la peau. Sa voix qui arrive certainement d'aussi loin, là où son regard est resté, et pourtant elle infiltre mon propre flux jusqu'à transpercer.

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Éternellement. A quoi tu penses? J'ai toujours le vertige dans les escalators, à chaque fois je pourrais tomber mais j'avance penchée en avant contre les tempêtes de gens. Je sabote laborieusement une longue amitié à coup de colocation forcée, j'envisage un thème sakura pour un mariage au printemps, même s'il m'offre un fromage en forme de cœur il finit pas lâcher qu'il n'est satisfait que tout seul. Pleurer contre le loin et la caféine qui me font sentir le manque un peu trop profond, pleurer contre sa porte dans la chambre pleine de l'odeur des lessives du dimanche et des vêtements qui ne sèchent jamais à temps pour finir toujours par emmener un sac humide à la gare. Je m'endors quand même, le front contre la vitre en imaginant quelques mauvais sorts aux ingénieurs qui disposent la clim sous la nuque des jeunes filles en pleurs. 

 

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