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21 novembre 2008

I'll stay home forever

J'ai envie de le bercer doucement, de lui dire que je ne partirai plus jamais comme ça, que je ne l'abandonnerai plus. Il dort, là à quelques centimètres, il fait tous ces petits bruits que je n'entends d'habitude jamais, moi qui dors toujours avant lui, la poupée qui ferme les yeux quand on la couche, la fatale position horizontale.

En rentrant, j'ai senti l'odeur bizarre, j'ai essayé de lui parler, j'ai posé les yeux sur la petite table. Tout à l'heure, j'enfilais mon manteau, je remplissais mon sac d'exemplaires multiples de synopsis Buzzati, et il me narguait tristement. Puisque tu pars je vais me faire des super frites trop délicieuses. Et voilà les frites sont toujours là, sur la petite table, encore dans le plat qu'il n'a visiblement pas touché, toutes cramées.

Je voudrais le consoler mais il dort tellement fort, j'en profite pour écrire, en cachette. Je me dis qu'un jour certainement j'en aurais assez de lui cacher. J'en ai déjà marre de devoir fermer vite les fenêtres Firefox, de devoir me rappeler comment je connais Caro, Clarisse, tout ça. J'en rêve la nuit, du secret qu'il faut préserver, du secret révélé qui culbute tout. Mais je vois  aussi ce que ravage l'auto-censure parce que quelqu'un lit, je sais aussi comme il ne supporte pas cette propention à révéler à n'importe qui ce qui nous est de plus intime, je me dis que mon écriture n'est possible que s'il ne la connait pas.

Je me dis aussi qu'avec tout ça il n'a rien avalé de la journée. Encore.

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17 novembre 2008

Our fathers have been entangled in things

Je rigole doucement sur l'écriture d'une note d'intention radiophonique, tellement trop marrant de se dire qu'on laisse ce qui est derrière loin derrière, et finalement j'écris le titre, j'écris les notions de cycle, de répétition, de décalage, d'aliénation. Si ça c'est pas fouiller dans la merde... Alors d'accord, je ne me laisse pas pourrir par les petites tragédies de ma courte vie. Je les fais fructifier plutôt. On pourrait appeler ça de l'exorcisme, et je me hais tellement c'est facile.

Certainement parce que je ne l'ai jamais vécu comme une tragédie, que je ne me suis jamais sentie traumatisée, que je suis née avec, que je ne me suis jamais sentie anormale à cause de lui. Parce que la vie était ainsi, rythmée par ses phases, par les jours où il remplissait les 200m2 du sous-sol de caisses de Chimay bleue, par les fêtes des pères au Club Med où on lui apportait des dessins et où il faisait des colliers de perles vertes pour maman, par ses délires j'achète un arc et je tue le coq du voisin - avec un arc, par ses réveils sur le sol du salon avec trois côtes cassées, par son rire un peu fou et ses larmes faciles. Jamais à cette époque on ne nous a dit votre père est malade. Maman disait qu'il était fatigué, qu'il se reposait, au Club Med donc. De toutes façons il n'était pas souvent là, il était super-ingénieur-programmeur et il passait son temps entre San Francisco/Lille/Bangkok loin, et l'on faisait coucou aux avions qui passaient au dessus du jardin. Ce n'est que bien plus tard, après le divorce et le déménagement, que j'ai découvert qu'au Club Med on ne faisait pas des colliers de perles, et que les couloirs dont je me souvenais était ceux d'un hôpital psychiatrique.

Il paraît qu'il y a des évènements violents dont je n'ai aucun souvenir, il paraît que l'on en a souffert tous les trois bien plus que l'on ne veut se l'avouer, et je ne veux même pas y croire. Je ne vais pas non plus m'inventer des traumatismes là où je vais très bien. Alors j'ai passé tout mon dimanche à faire des recherches sur la psychose maniaco dépressive et j'ai quand même terminé par un fou rire contre Kha à 2 heures du matin. Et ce n'est même pas difficile, il suffit d'un coup d'œil à son visage de petit garçon barbu, et de lancer une bataille de pieds glacés.


14 novembre 2008

Just cause you feel it doesn't mean it's there

Juste avant de partir, l'australienne m'entraîne de nouveau dans la petite pièce derrière la salle de cinéma pour attraper quelques bières pour la route. Je tombe soudain face au réalisateur, mon ventre se serre, je cale mes yeux au fond des siens et j'arrive à sourire. C'est un très beau film, il m'a beau j'ai les mots qui se brisent au fond de ma gorge, je reprends mon souffle, je reprends appui dans son regard et j'essaie de retenir les tremblements, les souvenirs, les larmes... beaucoup touchée je baisse les yeux je balance un cheers venu de nulle part je trinque et je me sauve. Plus tard, je danse trop fort sous un micro bar dans une micro rue, Kha m'observe gentiment, Candace la canadienne sortie tout droit du L Word me balance une droite en dansant, j'oublie tout.

J'oublie tout ce que j'essaie d'oublier depuis 15 ans, le bruit du bitume de la cour de récré quand il heurte l'épaule, le bruit de leurs chaussures de marque sur le lino des couloirs du collège, le bruit des petits mots qui circulent en classe sans jamais passer par ta table, le bruit assourdissant des regards dans le dos, le bruit des rêves le soir sous l'oreiller, quand on ne voudrait qu'une chose, les voir tous morts, les mettre à terre et leur sauter dessus à pieds joints de toutes ses forces, les voir mourrir, les faire payer. Hier soir, dès la première scène du film, j'avais le sang qui battait sous mes yeux, derrière la mâchoire, sous mes doigts. Il y avait ces bruits trop vrais, ces mots et ces images, je me suis laissée bouleverser sans l'avoir vu venir. Je me suis demandée, si j'aurais été capable de passer à l'acte, de péter les plombs, de perpétrer une tuerie. Je me suis demandée ce qui m'avais retenue de craquer. Et puis parce que tout ce que ce film a remué, tout ce qui est remonté si vite si vite ne pouvait toujours pas sortir, parce que tout ça je n'avais pas réellement envie de m'en souvenir, j'ai arrêté de me poser ces questions.

Je me suis laissée prendre par la main, je me suis laissée emmener danser, jusqu'à ce que je serre Kha dans mes bras très fort et que je m'endorme vite. Maintenant j'ai mal au crâne, et toujours le sang qui bat derrière la mâchoire et les sourcils froncés, mais je sais que je ne suis pas de ceux qui aiment à regarder en arrière pour saboter ce qu'il y a devant. Je n'ai jamais voulu laisser mes petites tragédies étouffer tout ce que la vie peut me promettre, je préfère fermer les yeux, danser un peu, dormir dessus et me réveiller un peu amère certes mais vivante.


12 novembre 2008

Finalement nan, rien.

(L’ego-trip de quand on sait pas/plus écrire, copyrighté Sskizo).

 

last cigarette / genre jamais, pas une seule fois. par contre soufflette oui.
last alcoholic drink / Valpolicella, vendredi soir me semble
last car ride / jeudi soir dans la Twingo du réal, après la réunion prétournage de mon premier job ciné hors cursus (YAY!)
last kiss / 8AM
last good cry / aouch. je sais même plus. en fait je vais super bien.

last book bought / Notes sur le cinematographe, Truffaut. COCTEAU!!! han putain mais la HONTE quoi.
last book read / Le milieu n'est plus un pont mais une faille, le club des 13. je suis putain de monomaniaque en ce moment.
last movie seen / Home. very good.
last beverage drank / soymilk (ouais en anglais c'est plus classe)
last food consumed / putain de cheesecake
last crush / j'ai envie de dire rollerboy/malcoiffé/grandsyeux mais j'ai honte. donc je dirais : Kha, l'homme le plus beau du monde
last phone call /Liba, au sujet de quitte-t-elle son mec, changeais-je mon scenario?

last tv show watched / Sopranos, oldschool man
last shoes worn / ballerines
last song played / There There, Radiohead, en rentrant du cours de trad
last thing bought / une putain de télé immense, mais pas avec ma carte bleue (han la pouffiasse)

last download / Gossip girl S02E09,

last soda drank / Pepsi, pour fêter Obama et prendre des photos de mes nouveaux cheveux
last thing written / allez c'est parti
last words spoken / non mais c'est pas grave, bonne journée
last ice cream eaten / vanille, pécan, caramel, devant les Sopranos, ya 2 semaines
last webpage visited / Facebook

 

3 novembre 2008

Said you would never give up easy

Il y a au fond du jardin une armée de pumpinks qui envahissent tout, une quinzaine voire plus, et que personne n'est venu cueillir pour Halloween. Il y a mon gros casque qui m'isole entièrement de la réalité, des bruits de voitures comme ceux des gens,  qui me perd et me tient chaud aux oreilles. Il y a un sondier dangereux, ébouriffé/mal rasé/en rollers/yeux d'enfants dont j'intercepte quelques regards en coin, il y a l'australienne qui glisse des yeux et des mains dès qu'elle a bu, il y a mes sens trop sollicités et quelques glandes endocrines qui doivent arriver à saturation. Pourtant je reste droite, je rends quelques sourires et j'accepte qu'on me traite de bosseuse.


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Il faut maintenant relativiser, la crise est passée et je cherche ce que j'y ai appris. Je réalise que rien ne change, que le nœud dramatique n'amène pas forcément de résolution, que la vraie vie n'obéit pas toujours aux règles qu'on apprend en cours de scénario, qu'il sera toujours légèrement amer, que je serai toujours celle qui s'émerveille sur tout et qui découvre en face que tout n'est pas si merveillable. Je suis celle qui triche pour embellir, il reste celui qui me vend ses sourires en trompe-cœur. J'ai carburé aux micros miracles quotidiens, j'ai appris que nos plus beaux moments n'était en fait que les miens.


 

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